Thierry CHURIN - Le château d'Alençon vers 1440
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Braie et lice
(fortification extérieure et espace entre les deux remparts)
Fig 2 (1647). La lice est notée "chemin couvert"


fig 18 - vue idéalisée, mais c'est la seule à montrer les
canonnières. Il y en aurait eu tout le long de la braie.
 

Mur de la braie près de la Caisse d'épargne. 
La plupart des blocs sont en arkose mais les encadrements de la canonnière, au centre, et la tablette, au sommet, sont en granit.


canonnière et son évent de désenfumage au dessus. Sa présence peut laisser supposer que le canon était dans une casemate ou un couloir couvert ?


 

L'enceinte extérieure est partiellement conservée : c'est le mur qui limite le square de la Sicottière, le long de la Briante. 
Pour le voir, il faut entrer dans le jardin de la Caisse d'Épargne, aller à gauche et regarder de l'autre côté de la rivière. Vous y verrez plusieurs canonnières. 
Le niveau de la rivière devait être proche de celui d'aujourd'hui. Par contre, le sol de la lice, en arrière du mur, devait être plus bas que le square (pour pouvoir disposer  les canons). Le terrain devait être sensiblement plan pour pouvoir les déplacer d'une canonnière à l'autre. Peut-être les affûts étaient-ils confinés dans une sorte de galerie voûtée, intégrée à une terrasse, ce qui justifierait la présence d'évents de désenfumage au dessus de chaque
bouche à feu.


Datation selon I. Chave

Les pièces comptables relatent un certain nombre de travaux à l’enceinte entre 1431 et 1447 ; elles attestent notamment que la seconde enceinte, implantée à l’ouest du rempart principal, protégeant un espace qualifié de boulevard ou boullevert, est un dispositif existant dès la fin du Moyen Âge, bien avant un éventuel renforcement des fortifications à la fin du XVI ème S., lié à la reprise des opérations militaires pendant les guerres de religion. 
En 1436, Milles y fait construire une porte et mettre un pieu de soutènement, ou estanche. En 1438, on travaille à la barriere du boulevard  (B.N.F., fr. 26 062, n° 3037. 1436, 15 déc. ; 26 064, n° 3595. 1438, 10 oct.)
Par contre, vers la ville, aucune des pièces n’évoque ce que Le Queu (1746) qualifie de chemin couvert, et De Cessart (1776) fosses-brayes .
[Les canonnières sont probablement des années 1400 ou postérieures mais elles ont pu être creusées dans un mur plus ancien].


vocabulaire

Les termes employés par les différents dessinateurs sont source de confusion :
- un boulevard est plutôt une excroissance comme celle qui porte le moulin et l'ancienne entrée.
- la mention de fausse braie suppose que l'espace entre les deux murs était remblayé, formant une sorte de terrasse (Lavenu M. et Mataouchek V. 1999, p.55). Le terme peut s'appliquer à la zone des canonnières sous le square.
Par contre, ma fouille de 1990 a montré que, dans l'angle de la mairie au moins, le sol d'occupation était proche du niveau des plus hautes eaux et servait de dépotoir (vidange de foyer). 
La datation de la poterie prouve que s'il y a eu remblai, il a été très tardif. Sur la fig 2, l'espace est figuré en vert avec des pointillés, ce qui correspond plus à de la végétation qu'à une terrasse. Dans ce dernier cas, il faut employer le mot "lice".


1990 - fouille de la lice

Les fouilles  sous l’angle nord-est de l’actuel Hôtel de Ville, ont pu déterminer la largeur du passage (env. 2,50 m à cet endroit) ménagé entre le rempart principal du château (construit en arkose et  granit), large de 1,70 m, et le rempart extérieur. Le sol de construction et de circulation entre les deux remparts est à NGF 132,80-132,90 m.  La datation de l’appareillage du mur extérieur, de blocs d’arkose et de grès armoricain, du 
XIII ème siècle au moins, peut courir jusqu’au début 
du XVI ème S.
Le matériel exhumé dans la couche d’humus de comblement progressif des fausses braies, préalable à la destruction des murs, est par ailleurs de datation tardive. Il s’agit de débris de vaisselle domestique : pichets, coquemars, vases à provisions, écuelles, couvercles. Ce sont soit des grès du Domfrontais reconnaissables à leur couleur grise, soit des productions locales, riches en micas, et fréquemment garnies d’une couverte (émaillage) vert à vert jaune, à l’intérieur ou à l’extérieur du vase.
voir le rapport de fouille

détail de la canonnière de gauche, du type dit "à la française" car le tube du canon ne dépasse pas du mur. Sa bouche était abritée au fond de la meurtrière.


Canonnière associée à deux évents. 
La plupart des murs du château devaient avoir cet aspect grossier, bien différent des parements en grand appareil de granit du châtelet d'entrée.

fig 17 - le plan le plus précis connu. 
Le tracé de la braie correspond à ce qui a été vu en fouille et à ce qui reste le long de la Briante.
 

vue 30 équivalent de la fig 18
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 


Détail de la canonière de gauche devenue le repaire d'un pigeon.

 

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